Instructions
du Suprême Conseil de Charleston aux 23 Suprêmes Conseils Confédérés
A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,
dont le Nom en sept lettres est Ineffable.
Liberté !
Egalité ! Fraternité !
Le Frère
général Pike, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Charleston, premier Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien Accepté,
générateur des 23 Suprêmes Conseils Confédérés établis sur les deux
hémisphères, ayant en particulier la juridiction des Etats-Unis d'Amérique
(sud),
Salue les Très
Illustres Frères Très Puissants Souverains Commandeurs Grands Maîtres des 23
Suprêmes Conseils confédérés :
1° Le Frère
Henri T. Palmer, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Boston, pour la juridiction des Etats-Unis d'Amérique (nord) ;
2° Le Frère
Manuel B. Bonilla, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Costa-Rica, pour la juridiction de l'Amérique Centrale ;
3° Le Frère
comte de Lathom, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Londres, pour la juridiction de l'Angleterre, le Pays de Galles et
les dépendances de la Grande Bretagne ;
4° Le Frère
Pierre Van Humbeeck, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du
Suprême Conseil de Bruxelles, pour la juridiction de la Belgique et la
Hollande ;
50 Le Frère
Luiz Antonio Vieira da Silva, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître
du Suprême Conseil de Rio-de-Janeiro, pour la juridiction du Brésil ;
6° Le Frère (Vacance
de la Grande Maîtrise), Très
Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême Conseil de Hamilton, pour
la juridiction du Dominion du Canada ;
7° Le Frère
Benito Alamos Gonzalez, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du
Suprême Conseil de Valparaiso, pour la juridiction du Chili ;
8° Le Frère don
Ignacio-Zuazo, marquis d'Almeiras, Très Puissant Souverain Commandeur Grand
Maître du Suprême Conseil de la Havane, pour la juridiction de Cuba, Colon,
Porto-Rico et les autres îles des Indes occidentales espagnoles ;
9° Le Frère
comte de Rosslyn, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil d'Edimbourg, pour la juridiction de l’Ecosse ;
10° Le Frère
Léon Echeverria, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Bogota, pour la juridiction des Etats-Unis de Colombie ;
11° Le Frère
Louis Proal, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Paris, pour la juridiction de la France et de ses dépendances ;
12° Le Frère
Nicolas Damaschino, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil d'Athènes, pour la juridiction de la Grèce et les îles sous sa
domination, y compris Corfou ;
13° Le Frère
Etienne Rakowsky, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de BudaPest, pour la juridiction de la Hongrie ;
14° Le Frère
John F. Townshend, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Dublin, pour la juridiction de l'Irlande ;
15° Le Frère
Adriano Lemmi, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Rome, pour la juridiction de l'Italie, la Sicile et les autres îles
italiennes ;
160 Le Frère
Ignacio Manuel Altamirano, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du
Suprême Conseil de Mexico, pour la juridiction du Mexique ;
17° Le Frère
Francisco-Javier Mariategui, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du
Suprême Conseil de Lima, pour la juridiction du Pérou ;
18° Le Frère
Elias-Garcia José, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême Conseil
de Lisbonne, pour la juridiction du Portugal et ses colonies ;
19° Le Frère José
Fernandez, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême Conseil
de Buenos-Ayres, pour la juridiction de la République Argentine ;
20° le Frère
Jacinto de Castro, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Saint-Domingue, pour la juridiction de la République
Dominicaine ;
21° Le Frère
Louis Ruchonnet, Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du Suprême
Conseil de Lausanne, pour la juridiction de la Suisse en vingt-deux cantons
confédérés ;
22° Le Frère Carlos de Castro, Très Puissant Souverain Commandeur Grand
Maître du Suprême Conseil de Montevideo, pour la juridiction de la République
orientale de l'Uruguay ;
23° Le Frère Joaquin Crespo, Très Puissant Souverain Commandeur Grand
Maître du Suprême Conseil de Caracas, pour la juridiction des Etats-Unis de
Vénézuéla.
Au nom et à la gloire du Grand Architecte de l'Univers, le Frère Albert
Pike rappelle à ses Très Illustres Frères que :
A. Le Suprême Conseil de Charleston, premier Suprême Conseil du globe,
créé le 31 mai 1801 sous le 33e degré de latitude nord, dans la Caroline
du Sud, aux Etats-Unis d'Amérique, a engendré : - 1° le 22 septembre
1804, le Suprême Conseil de France, siégeant à Paris ; - 2° le 5 mars 1805, le
Suprême Conseil d'Italie, siégeant à Rome; - 3° le 4 juillet 1811, le Suprême
Conseil d'Espagne, siégeant à Madrid, aujourd'hui séparé de la
confédération, quoique pratiquant le Rite Ecossais Ancien Accepté en 33 degrés
; - 4° le 5 août 1813, le Suprême Conseil des Etats-Unis d'Amérique (nord),
siégeant à Boston ; - 5° le 11 juin 18.26, le Suprême Conseil
d'Irlande, siégeant à Dublin ; - 6° le 24 juin 1859, le Suprême Conseil
de Colon et Cuba siégeant à la Havane ;
B. Le Suprême Conseil de France, fils du Suprême Conseil de Charleston,
a engendré : - 1° le 11 mai 1817, le Suprême Conseil de Belgique siégeant à
Bruxelles ; - 2° le 6 mai 1846, le Suprême Conseil d'Ecosse, siégeant à
Édimbourg ; - 3° le 25 novembre 1871, le Suprême Conseil de Hongrie,
siégeant à BudaPest, lequel dirige la Grande Loge Symbolique de ce pays ;
- 4° le 30 mai 1873, le Suprême Conseil de Suisse, siégeant à Lausanne ;
C. Le Suprême Conseil de Boston ou des Etats-Unis d'Amérique (nord),
fils du Suprême Conseil de Charleston, a engendré : - le 2 février 1816, le
Suprême Conseil d'Angleterre, siégeant à Londres ;
D. Le Suprême
Conseil de Belgique, petit-fils du Suprême Conseil de Charleston, a engendré :
- le 16 novembre 1829, le Suprême Conseil du Brésil, siégeant à Rio-de-Janeiro
;
E. Le Suprême Conseil du Brésil, arrière-petit-fils du Suprême Conseil
de Charleston, a engendré : - 1° le 6 mai 1812, le Suprême Conseil du
Portugal, siégeant à Lisbonne ; - 2° le 20 septembre 1856, le Suprême
Conseil de l'Uruguay, siégeant à Montevideo ;
F. Le Suprême Conseil d'Angleterre, petit-fils du Suprême Conseil de
Charleston, a engendré : - le 16 octobre 1874, le Suprême Conseil du Canada,
siégeant à Hamilton ;
G. Le Suprême
Conseil de l'Uruguay, arrière-petit-fils du Suprême Conseil de Charleston, a
engendré : - le 15 décembre 1858, le Suprême Conseil de la République
Argentine, siégeant à Buenos-Ayres ;
H. En outre, le
Suprême Conseil de Charleston a adopté : -1° le Suprême Conseil du Pérou,
siégeant à Lima, lequel s'est constitué de lui-même, le 23 mars 1830, et s'est
rallié au Rite Ecossais Ancien Accepté ; - 2° le Suprême Conseil de
Colombie, siégeant à Bogota, lequel s'est constitué de lui-même, le 18 février
1833, et s'est rallié au Rite Ecossais Ancien Accepté ; -3° le
Suprême Conseil de la République Dominicaine, siégeant à Saint-Domingue, qui
s'est constitué de lui-même, le 13 décembre 1861, et s'est rallié au Rite
Ecossais Ancien Accepté ; - 4° le Suprême Conseil du Vénézuéla, siégeant à
Caracas, lequel s'est constitué de lui-même, le 3 mai 1864, et s'est rallié au
Rite Ecossais Ancien Accepté ; - 5° le Suprême Conseil de Grèce, siégeant
à Athènes, lequel s'est constitué de lui-même, le 25 janvier 1867, et s’est
rallié au Rite Ecossais Ancien Accepté ; - 6° le Suprême Conseil du
Chili, siégeant à Valparaiso, lequel s'est constitué de lui-même, le 19 août
1870, et s'est rallié au Rite Ecossais Ancien Accepté ; - 7° le Suprême
Conseil du Mexique, siégeant à Mexico, lequel s'est constitué de lui-même le 8
novembre 1878, et s'est rallié au Rite Ecossais Ancien Accepté ;
I. Le Suprême Conseil du Vénézuéla, fils adoptif du Suprême
Conseil de Charleston, a engendré : - le 26 novembre 1870, le Suprême Conseil
de l'Amérique Centrale, siégeant à Costa-Rica ;
J. Enfin, le
Suprême Conseil d'Italie, fils du Suprême Conseil de Charleston, a engendré : -
1° le 25 janvier 1878, le Suprême Conseil d'Egypte, siégeant au Caire ; -
2° le 11 mai 1880, le Suprême Conseil de Tunisie, siégeant à Tunis ; -
mais ces deux Suprêmes Conseils, demeurant sous la dépendance immédiate et
directe du Suprême Conseil d'Italie, ne se rattachent qu'indirectement au
Suprême Conseil de Charleston par la pratique du Rite Ecossais Ancien Accepté.
Ainsi, le
Suprême Conseil de Charleston a engendré lui-même ou fait engendrer, par les
Suprêmes Conseils ses fils et petits-fils, 26 Suprêmes Conseils dont 3 ne sont
pas rattachés à lui, et l'union des 23 autres Suprêmes Conseils avec lui constitue
sur le globe la Confédération Souveraine de la Franc-Maçonnerie du Rite
Ecossais Ancien Accepté, répandu et pratiqué de la sorte dans le plus grand
nombre de pays des deux mondes.
Au surplus, le
Suprême Conseil de Charleston entretient, comme Souveraine Puissance Maçonnique,
des relations d'amitié fraternelle avec les Grands Orients et Grandes Loges de
tous les Rites, qui veulent bien faire appel à ses lumières en vue de l'entente
commune et de la direction du mouvement maçonnique pour l'anéantissement final
de l'ennemi.
C'est pourquoi,
sans prétendre leur imposer ses instructions, le Frère Albert Pike, Très Puissant
Souverain Commandeur Grand Maître du premier Suprême Conseil du globe, les
recommande tout particulièrement aux Très Illustres Frères que la confiance de
leurs Frères a placés à la tète des Grandes Loges et des Grands Orients ;
Savoir :
Pour
l'Amérique :
1° La Grande
Loge du Canada, à Hamilton ;
2° La Grande
Loge de Québec, à Québec ;
3° La Grande Loge
de la Colombre britannique, à Victoria ;
4° La Grande
Loge du Nouveau-Brunswick, à Saint-John ;
5° La Grande
Loge de la Nouvelle-Ecosse, à Halifax ;
6° La Grande
Loge de l'Ile du Prince-Edouard, à Charlottetown ;
7° La Grande
Loge de Manitoba, à Winnipeg ;
8° Le Grand
Conseil des Maçons Oddfellows, à Ottawa ;
9° Le Grand
Orient des Etats-Unis, à New-York ;
10° Le Suprême
Grand Conseil des Chevaliers Templiers, à New-York ;
11° La Grande
Loge du Missouri, à Boonville ;
12° La Grande
Loge de l'Ohio, à Cincinnati ;
13° Le Grand
Orient de la Louisiane, à la Nouvelle-Orléans ;
14° La Grande
Loge de l'Alabama, à Montgommery ;
15° La Grande
Loge d'Arizona, à Tueson ;
16° La Grande
Loge de l'Arkansas, à Little-Rock ;
17° La Grande
Loge de Californie, à San-Francisco ;
18° La Grande
Loge de la Caroline du Nord, à Raleigh ;
19° La Grande
Loge de la Caroline du Sud, à Charleston ;
20° La Grande
Loge du Colorado, à Denver ;
21° La Grande
Loge de Colombie, à Washington ;
22° La Grande
Loge du Connecticut, à Hartford ;
23° La Grande
Loge de Dakota, à Sioux-Falls ;
24° La Grande
Loge de Delaware, à Wilmington ;
23° La Grande
Loge de la Floride, à Jackson-ville ;
26° La Grande
Loge de la Géorgie, à Mâcon ;
27° La Grande
Loge de l'Idaho, à Boise-City ;
28° La Grande Loge
de l'Illinois, à Chicago;
29° La Grande
Loge de l'Indiana, à Indianopolis ;
30° La Grande
Loge du Territoire Indien, à Atoka ;
31° La Grande
Loge de l'Iowa, à Davenport;
32° La Grande
Loge du Kansas, à Topeka ;
33° La Grande
Loge du Kentucky, à Louisville ;
34° La Grande
Loge de la Louisiane, à la Nouvelle-Orléans ;
35° La Grande
Loge du Maine, à Portland ;
36° La Grande
Loge de Maryland, à Baltimore ;
37° La Grande
Loge de Massachussets, à Boston ;
38° La Grande
Loge de Michigan, à Détroit ;
39° La Grande
Loge de Minnesota, à Saint-Paul ;
40° La Grande
Loge du Mississipi, à Jackson ;
41° La Grande
Loge du Missouri, à Saint-Louis ;
42° La Grande
Loge de Montana, à Helena ;
43° La Grande
Loge de Nebraska, à Lincoln ;
44° La Grande
Loge de Nevada, à Virginia-City ;
45° La Grande
Loge de New-Hampshire, à Manchester ;
46° La Grande
Loge de New-Jersey, à Trenton ;
47° La Grande
Loge de New-York, à New-York ;
48° La Grande
Loge du Nouveau Mexique, à Las Cruces ;
49° La Grande
Loge de l'Ohio, à Cleveland ;
50° La Grande
Loge de l'Orégon, à Portland ;
51° La Grande
Loge de Pensylvanie, à Philadelphie ;
52° La Grande
Loge Rhode-Island, à Providence ;
53° La grande
Loge de Tenessee, à Nash-ville ;
54° La Grande
Loge du Texas, à Houston ;
55° La Grande Loge
de l'Utah, à Salt-Lake-City ;
56° La Grande
Loge de Vermont, à Burlington ;
57° La Grande
Loge de Virginie, à Richmond ;
58° La Grande
Loge de Washington-Territoire, à Olympia ;
59° La Grande
Loge de West-Virginia, à Whelling ;
60° La Grande
Loge de Wisconsin, à Milvaukee ;
61° La Grande
Loge de Wyoming, à Evanston ;
62° La Grande
Loge pour la Juridiction Sud des Etats-Unis d'Amérique, à Charleston ;
63° La Grande
Loge pour la juridiction Nord des Etats-unis d'Amérique, à Boston ;
64° La Grande
Loge pour l'État de la Louisiane, à la Nouvelle-Orléans ;
65° La Grande
Loge Unie de Colon et Cuba, à La Havane ;
66° La Grande
Loge de Porto-Rico, à San-Juan ;
67° La Loge
Indépendante de Colon, à Colon-Aspinwal ;
68° Le Grand
Orient de Haïti, à Port-au-Prince ;
69° Le Suprême
Conseil néo-grenadin (Etat de Bolivar), à Carthagène ;
70° La Grande
Loge du Pérou, à Lima ;
71° La Grande
Loge Symbolique du Chili, à Valparaiso;
Pour
l'Europe :
72° La Grande
Loge Unie d'Angleterre, à Londres ;
73° Le
Souverain Sanctuaire du Rite antique et primitif de Memphis et Misraïm pour la
Grande-Bretagne et l'Irlande, à Withington, Manchester ;
74° La Grande
Loge d'Ecosse, à Edimbourg ;
75° La Grande
Loge d'Irlande, à Dublin ;
76° La Grande
Loge Nationale de Danemark, à Copenhague ;
77° La Grande
Loge Nationale de Suède et Norvège, à Stockholm ;
78° Le Grand
Orient de France (c'est-à-dire : son Grand Collège des Rites, du 33°
degré), à Paris ;
79° La Grande
Loge Symbolique, à Paris ;
80° Le
Souverain Conseil Général du Rite de Misraïm pour la France et ses dépendances,
à Paris ;
81° Le Grand
Orient de Belgique, à Bruxelles ;
82° Le Grand
Orient des Pays-Bas, à la Haye ;
83° Le Suprême
Conseil du Luxembourg, à Luxembourg ;
84° La Grande
Loge Nationale aux Trois-Globes, à Berlin ;
85° La Grande
Loge Nationale d'Allemagne, à Berlin ;
86° La Grande
Loge Royale de l'Amitié, à Berlin ;
87° La Grande
Loge Nationale de Saxe, à Dresde ;
88° La Grande
Loge le Soleil de Bavière, à Bayreuth ;
89° La Grande
Loge de Hambourg, à Hambourg ;
90° La Grande
Loge la Concorde de Darmstadt, à Darmstadt ;
91° La Grande
Loge l'Union Eclectique de Francfort, à Francfort-sur-le-Mein ;
92° La Grande
Loge Alpina de Winterthur, à Genève ;
93° Le Grand
Orient National d'Espagne et son Suprême Conseil du 33e degré, à
Madrid ;
94° Le Grand
Orient d'Espagne, sa Grande Loge Symbolique et son Suprême Conseil du 33e
degré, à Madrid ;
95° La Grande
Loge Indépendante espagnole, à Séville ;
96° Le
Souverain Sanctuaire de l'antique et primitif Rite Oriental de Memphis et Misraïm,
à Naples ;
Pour
l'Afrique :
97° La Grande
Loge de Liberia, à Monrovia.
Pour
l'Océanie :
98° La Grande
Loge de l'Australie du Sud, à Adélaïde ;
99° La Grande
Loge de la Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney ;
100° La Grande
Loge de Victoria, à Melbourne.
Ainsi, le Suprême Conseil de Charleston est, pour les 23 Suprêmes
Conseils confédérés avec lui, et pour les 100 Grands Orients et Grandes Loges
des divers Rites, le foyer de la Vraie Lumière Maçonnique, illuminant chaque
jour davantage l'Amérique, l'Europe, l'Afrique, l'Océanie, et indirectement
les colonies asiatiques.
Du Grand Orient du Suprême Conseil des Très Puissants Souverains Grand
Inspecteurs Généraux du 33° et dernier degré du Rite Ecossais Ancien Accepté
de la Franc-Maçonnerie pour la juridiction sud des Etats-Unis d'Amérique, sous
le point vertical du zénith correspondant au 33° degré de latitude nord, en la
vallée de Charleston, Caroline du Sud ;
Nous, Maître Expert de la Grande Loge Symbolique ; Maître
Secret ; Maître Parfait ; Secrétaire Intime ; Prévot et
Juge ; Intendant des Bâtiments ; Maître Elu des Neuf ; Illustre
Elu des Quinze ; Sublime Chevalier Elu, Chef des Douze Tribus ; Grand
Maître Architecte ; Chevalier Royale-Arche ; Grand Elu Ecossais de la
Voûte Sacrée, Parfait et Sublime Maçon ; Chevalier d'Orient ou de
l'Epée ; Prince de Jérusalem ; Chevalier d'Orient et d'Occident ;
Chevalier et Souverain Prince Rose-Croix ; Grand Pontife de la Jérusalem Céleste ;
Grand Patriarche, Vénérable Maître ad vitam de toutes les Loges
Symboliques ; Chevalier Prussien Noachite, Grand Maître de la Clef ;
Prince du Liban, Royale-Hache ; Chef du Tabernacle ; Prince du
Tabernacle ; Chevalier du Serpent d'Airain ; Prince de Merci,
Chevalier Ecossais Trinitaire ; Souverain Commandeur du Temple ;
Chevalier du Soleil Prince Adepte ; Chevalier de Saint-André, ou Grand
Ecossais de Saint André d'Ecosse ; Grand Elu Chevalier Kadosch, Parfait
Initié ; Grand Inspecteur Inquisiteur Commandeur ; Très Eclairé et
Sublime Prince du Royal-Secret ; Souverain Grand Inspecteur Général, 33e
et dernier degré ; Très Puissant Souverain Commandeur Grand Maître du
Suprême Conseil de Charleston, premier Suprême Conseil du globe ; Grand
Maître Conservateur du Palladium Sacré ; Souverain Pontife de la Franc-Maçonnerie
Universelle, en la trente-unième année de Notre Pontificat ;
Assisté des Très
Illustres, Très Eclairés et Très Sublimes Frères Albert G. Mackey, Frédéric
Webber, William W. Upton, Josiah Essex, Robert F. Crowell, Thomas L. Tullock,
Philéas Walder, Goldsborongh Bruff, William M. Ireland et Richard W. Thompson,
Souverains Grands Inspecteurs Généraux, Mages Elus composant le Sérénissime
Grand Collège des Maçons Emérites, Conseil de notre phalange d'élite et
bataillon sacré de l'Ordre ;
A tous les Très
Illustres Souverains Grands Inspecteurs Généraux, membres des Suprêmes Conseils
confédérés du Rite Ecossais Ancien Accepté, et à tous les Très Illustres,
Vaillants et Eclairés Frères dirigeant les Grandes Loges ou chefs secrets des
Grands Orients des divers pays répandus sur la surface des deux hémisphères,
qui ces présentes verront :
Santé !
Stabilité ! Pouvoir !
Poursuivant
notre oeuvre avec plus d'énergie que jamais, malgré le poids des années, Nous
voulons laisser à Nos Frères Très Eclairés Nos instructions et Nos avis
fraternels pour la bonne direction des Ateliers Supérieurs de l'Ordre.
Dans la
Franc-Maçonnerie il est deux devises :
Ordo ab
Chao, qui est la devise divine du Grand Architecte de l'Univers ;
Deus Meumque
Jus, qui est la devise
humaine des Francs-Maçons parvenus aux hauts grades.
Le Grand
Architecte, en organisant
l'univers, a tiré l'Ordre du chaos. Nous nous inclinons avec admiration devant
ses oeuvres si belles et en même temps si raisonnables.
D'autre
part, chacun de nous réclame Dieu et son droit. Et nous avons, à plusieurs
reprises, eu soin d'inscrire notre devise humaine par ses seules initiales,
afin de leur donner une seconde interprétation mystique révélée aux seuls
Parfaits Initiés. Cette interprétation mystique, ne devra pas être portée à la
connaissance des Frères ayant un grade inférieur à celui de Chevalier Kadosch.
Et, à ce propos, Nous vous rappelons que, si vous jugez qu'un profane ne
puisse, intellectuellement parlant, s'élever jamais à la hauteur du degré de
Chevalier Kadosch, il faut bien vous garder de l'initier même au
grade d'Apprenti ; car jamais vous ne pourrez en faire un vrai Maçon.
Donc, nous formulons ainsi notre devise humaine : D. M. I., et
nous l'expliquons ésotériquement par : Destruction,
Matérialisation, Imposition. En d'autres termes, il faut Imposer,
par le travail maçonnique, la Destruction de tout ce que la Matérialisation
n'atteint pas.
Les trois points qui suivent chacune de ces trois initiales signifient
que le travail maçonnique de Destruction, de Matérialisation et d'imposition
est triple.
I. DESTRUCTION :
1° de la Superstition; - 2° de la Tyrannie Politique; - 3° de
l'Anti-Maçonnisme.
II. MATÉRIALISATION :
1°
de la Conscience; - 2° de l'Etat; - 3° de l'Enseignement.
III. IMPOSITION :
1°
à la Famille ; - 2° à la Nation; -3° à l’Humanité.
C'est
pourquoi, le travail maçonnique doit consister, par tous les moyens quels
qu'ils soient, à Imposer pratiquement à la Famille d'abord,
à la Nation ensuite, et à l'humanité enfin, la Destruction : de
la Superstition, là où la Matérialisation n'a pu
faire son oeuvre sur la Conscience; de la Tyrannie Politique, là
où l'Etat n'a pu être matérialisé ; de l'Anti-Maçonnisme,
là où l'Enseignement n'a pu être atteint par la
matérialisation.
Tel est l'ordre de mise
en pratique du D. M. I. qui
résume en trois lettres notre loi.
Il est absolument
nécessaire de ne laisser parvenir au grade de Chevalier Kadosch que des Frères
choisis parmi ceux qui sont intimement convaincus de l'existence d'une Cause
Première. Retenez au grade de Rose-Croix tous ceux dont l'âme vous paraît
s'ouvrir à la Vraie Lumière, mais qui ont néanmoins de la lenteur à comprendre ;
instruisez-les graduellement, soumettez leur intelligence à des épreuves,
exposez-leur surtout le rôle du feu, agent actif de la nature ; mais ne les
pressez pas.
Les athées nous
sont bons comme auxiliaires, mais dans les Loges Symboliques seulement. Il faut
leur dire que, si, par le premier article de la Déclaration de Principes du 22
septembre 1875, nous avons proclamé l'existence d'un principe Créateur,
sous le nom de Grand Architecte de l'Univers, c'est uniquement pour
attirer à l'Ordre l'adhésion des croyants libéraux et faire preuve de tolérance
envers tous les cultes. Mais n'agissez qu'avec la plus grande prudence
vis-à-vis des athées ; ils sont plus difficiles à convaincre que les
hommes qui, croyant à la divinité, en ont une fausse idée. L'idée de ceux-ci
peut à la longue se rectifier; l'athée, au contraire, s'obstine dans sa
négation. Ne vous servez donc des athées que pour les oeuvres politiques, et ne
leur confiez jamais le soin de faire en loge des conférences sur les questions
philosophiques.
C'est avec le
plus grand soin qu'il est nécessaire de choisir les adeptes. Dans beaucoup
d'orients, on les prend trop au hasard ; aussi tardons-nous à atteindre
le but.
Ne conférez la
Maîtrise qu'au Compagnon qui se connaît lui même. Sur le fronton des
anciens temples érigés au Dieu de la Lumière, on lisait cette inscription en
deux mots : « Connais-toi ». Nous donnons le même conseil à
tout homme qui veut s'approcher de la science.
N'initiez
jamais au troisième degré l'homme qui, malgré les enseignements
reçus aux deux grades précédents, est demeuré esclave des préjugés du monde
profane. Il ne parviendra jamais tant qu'il ne se réformera pas. Au grade de
Compagnon, vous lui ouvrez les portes des Loges d'Adoption ; là, vous le
jugerez bien. Vous verrez si ses préjugés tombent. S'il reste esclave de ses
passions, s'il s'attache exclusivement à une femme, ne vous préoccupez plus de
lui, vous perdriez votre temps. Il ne saurait être un adepte; car le mot «
adepte » signifie celui qui est parvenu par sa volonté et par ses oeuvres, qui
méprise les préjugés et qui triomphe de ses passions.
L'homme qui a peur de perdre ses idées ; celui qui redoute les
vérités nouvelles et qui n'est pas disposé à douter de tout plutôt que
d'admettre quelque chose au hasard, celui-là n'est point pour nous. S'il
soupçonnait notre secret, il le comprendrait mal ; son âme timide en
serait troublée. Il deviendrait dangereux. Aussi, dès que vous sentez que vous
vous êtes mépris sur le caractère et le tempérament d'un homme à qui vous avez
conféré le premier grade et même le second, excluez-le adroitement, mais
impitoyablement, en faisant naître des prétextes quelconques d'élimination.
On ne montre pas la lumière aux oiseaux de nuit. La leur montrer, c'est
la leur cacher; car elle les aveugle et devient pour eux plus obscure que les
ténèbres.
Notre science est la science traditionnelle des secrets de la
nature ; elle nous vient des mages, adorateurs d'Ormudz, nom persan du
Principe du Bien, du Génie de la Lumière. Il ne faut donc la communiquer qu'à
bon escient et avec des précautions infinies, attendu qu'au moyen de cette
science, l'adepte se trouve investi d'une sorte de toute-puissance
et peut agir surhumainement, c'est-à-dire d'une manière qui passe la portée
commune des hommes.
Pour parvenir au sanctuaire de notre Dieu, quatre qualités sont
indispensables : 1° une intelligence éclairée par l'étude; 2° une
audace que rien n'arrête; 3° une volonté que rien ne brise ; 4°
une discrétion que rien ne puisse corrompre ou enivrer.
SAVOIR, OSER, VOULOIR, Se TAIRE,
voilà les quatre verbes du mage qui sont écrits dans les quatre
formes symboliques du sphinx.
La première science étant la connaissance de soi-même, la première aussi
de toutes les oeuvres de la science, celle qui renferme toutes les autres,
c'est la création de soi-même. L'adepte doit dépouiller le vieil homme
profane et se créer une humanité nouvelle. De même que l'homme ne
devient le roi des animaux qu'en les domptant ou en les apprivoisant, sous
peine d'en devenir la victime ou l'esclave, de même l'homme doit vaincre ses
passions, dont les animaux sont la figure, doit commander à toutes les forces
instinctives de la nature, sous peine d'être broyé par elles.
Celui qui aspire à devenir un vrai Maçon doit être, dirons-nous, l'héritier
du sphinx ; il doit en avoir la tête humaine pour posséder la parole, les
ailes d'aigle pour conquérir les hauteurs, les flancs de taureau pour labourer
les profondeurs, et les griffes de lion pour se faire place à droite et à
gauche, en avant et en arrière.
A la science de Faust, le vrai Maçon joindra l'impassibilité de Job. Il
piétinera la superstition dans son coeur. Il sera sans indécision et sans
caprices. Il n'acceptera le plaisir que lorsqu'il le voudra, et il ne le voudra
que lorsqu'il le devra.
Nous recommandons très
instamment de multiplier les Loges d'Adoption. Elles sont indispensables pour
former des Maçons bien maîtres d'eux-mêmes. Le prêtre essaye de
dompter sa chair en s'astreignant au célibat ; il commet là un crime
social, et, en même temps, il entreprend contre la nature une lutte impossible.
Le vrai Maçon, au contraire, arrive à la perfection, c'est-à-dire à se dominer,
en employant son zèle dans les Loges d'Adoption à se soumettre aux épreuves
naturelles. Le commerce avec la femme commune à tous ses Frères lui fait une
cuirasse contre les passions qui égarent le coeur. Celui-là seul peut vraiment
posséder la volupté de l'amour, qui a vaincu, par l'usage fréquent, l'amour de
la volupté. Pouvoir, à volonté, user et s'abstenir, c'est pouvoir deux fois. La
femme t'enchaîne par tes désirs, dirons-nous à l'adepte ; eh bien, use des
femmes souvent et sans passion ; tu deviendras ainsi maître de tes désirs,
et tu enchaîneras la femme. D'où il résulte que le vrai Maçon parviendra
facilement à résoudre le problème de la chair, que le prêtre ne résoudra
jamais ; et c'est lui qui sera le vainqueur et le sage, parce qu'il aura
pris, contrairement au prêtre, l'épée triomphante et raisonnable de l'action,
au lieu du bouclier absurde de l'abstention systématique, arme défensive vouée
d'avance à la défaite.
Dans
la question du choix des adeptes, la Maîtrise est le premier degré important.
Les grades d'Apprenti, Compagnon et Maître sont dans tous les rites : les deux
premiers ont leur signification au point de vue doctrinal, et l'on ne saurait
les supprimer ; mais ils sont avant tout les grades préparateurs de la
Maîtrise. Aussi, les officiers qui confèrent le troisième degré à un Frère peu
disposé à comprendre et incapable de se vaincre, sont impardonnables.
Evidemment il
n'est pas de nécessité absolue que l'homme que vous allez diriger
vers les hauts grades soit immédiatement parfait et ait compris notre secret
dès son entrée dans la Maçonnerie. Ce que Nous vous demandons, c'est
de l'observer avec le plus grand soin pendant son Apprentissage, d'abord, et de
faire, ensuite, de la Loge d'Adoption, où il pénétrera quand il sera
Compagnon, votre critérium, votre instrument de contrôle infaillible. L'Atelier
de Frères, qui ne s'annexe pas une Loge de Soeurs, est un Atelier incomplet,
destiné fatalement à ne jamais perfectionner ses membres ; il ne produira
que des Maçons, dont la politique sera le principal souci, qui se préoccuperont
surtout des intrigues et des compétitions, qui s'agiteront dans le vide, qui
avanceront tantôt de trois pas pour reculer après d'autant, en un mot, qui
feront du mauvais travail et dont la politique sera incohérente.
Ce qui est indispensable, aussi, c'est de faire élire comme officier de
Loge, au moins au Vénéralat et aux fonctions d'Orateur, des Frères pourvus des
hauts grades ; car le Vénérable et l'Orateur sont les
conducteurs des Apprentis et des Compagnons vers la lumière de la Maîtrise, qui
n'est elle-même qu'un pâle reflet de la Vraie Lumière. Or, des
aveugles ne peuvent conduire des aveugles, et le chemin de la lumière est
perdu, quand les guides portent encore un bandeau sur les yeux. Pour faire
quelque chose, il faut savoir ce que l'on veut faire ou du moins avoir foi en
quelqu'un qui le sait; mais comment risquerait-on sa vie à l'aventure
et suivrait-on au hasard celui qui ne sait pas lui-même où il va ?
Une fois que, par l'observation, vous aurez acquis la
certitude que votre homme peut, sans inconvénient, être conduit à la parfaite
initiation du Chevalier Kadosch, conférez-lui la Maîtrise, commencez à
soulever pour lui un coin du voile ; et si vraiment vous le jugez digne de
recevoir un jour la révélation, vous lui ferez connaître le Verbe, au grade de
Rose-Croix.
Nous appelons
Verbe ou Parole le voile essentiel de l'être et le signe caractéristique de la
vie. Toute forme est le voile d'un verbe, parce que l'idée mère d'un verbe est
l'unique raison d'être des formes. Toute figure est un caractère, tout
caractère appartient et retourne à un verbe. C'est pourquoi les anciens sages
avaient formulé leur dogme unique en ces termes : « Ce qui est au-dessus est
comme ce qui est au-dessous, et ce qui est au-dessous est comme ce qui est
au-dessus.» Notre Dieu est comme le Dieu des prêtres, et pourtant celui-là
n'est pas celui-ci ; ils sont semblables, quant à leur éternité et à leur
puissance surnaturelle; mais il n'y a pas identité entre eux. A telle lumière
répond telle obscurité ; au feu s'oppose l'eau ; l'ordre n'est l'ordre,
que parce qu'il a contre lui le chaos qui lutte pour l'absorber. Mais,
logiquement, la lumière remportera le triomphe final sur les ténèbres, en les
repoussant et les enchaînant à jamais aux extrêmes confins de
l'immensité ; le feu sortira vainqueur de sa lutte contre l'eau, en la
dissolvant et reculant les limites de son domaine ; l'ordre régnera sur
le chaos écrasé, non détruit. Telle est la loi suprême, le destin inéluctable.
Mais il faut
néanmoins reconnaître que les deux opposés sont semblables, comme essence. La
forme est proportionnelle à l'idée ; l'ombre est la mesure du
corps calculée avec sa relation au rayon lumineux ; le fourreau est aussi
profond que l'épée est longue ; la négation est proportionnelle
à l'affirmation contraire ; la production est égale à la
destruction dans le mouvement qui conserve la vie, et il n'y a pas un point
dans l'espace infini qui ne soit le centre d'un cercle dont la circonférence s'agrandit
et recule indéfiniment dans l'espace.
Ce qui est dans
le surnaturel est reproduit dans l'humanité, en des proportions moindres, il
est vrai. Toute individualité est donc indéfiniment perfectible, puisque le moral
est analogique à l'ordre physique, et puisqu'on ne saurait concevoir un point
qui ne puisse se dilater, s'agrandir et jeter des rayons dans un
cercle philosophiquement infini. Par conséquent, le Compagnon éprouvé dont vous
aurez fait un Maître, et qui, Maître, aurait été jugé digne de devenir
Rose-Croix, est perfectible entre vos mains et sera le Kadosch de la sainte
initiation, l'Elu qui connaîtra la Vraie Lumière, parce que le
regard de ses yeux lucides aura traversé le voile du Verbe.
Pour distinguer
le futur Elu, le futur Kadosch, dès le grade de Maître, vous vous attacherez à
discerner les Frères doués d'une imagination ardente, et vous négligerez les
esprits terre à terre. L'imagination est, en effet, comme l'oeil de
l'âme. L'homme, dont le cerveau ne travaille pas à la découverte des grands
mystères, possède une âme incomplète, une âme irrémédiablement frappée de
cécité. C'est l'imagination qui est la plus forte puissance intellectuelle, et
c'est elle qui fait triompher même physiquement. Etes-vous en danger
dans une bataille ? Croyez-vous invulnérables comme Achille, et vous serez
vraiment invulnérables. La peur attire les balles, et le courage fait
rebrousser chemin aux boulets. Le vrai Maçon est audacieux, et il triomphera,
parce que, grâce à son imagination ardente, il verra la vérité avant même
qu'elle ait paru devant les yeux de son corps. Toute la question est de diriger
vers la saine raison l'imagination de l'adepte. Le prêtre qui obscurcit la
conscience du fidèle en lui imposant des dogmes que la raison ne peut
expliquer, fait de ce fidèle, s'il a une imagination ardente, un fou. Au
contraire, l'imagination appliquée à la raison, c'est le génie.
En résumé, Nous
ne saurions trop insister sur ce point : le succès dépend du choix des adeptes,
et, pour bien choisir les adeptes, pour avoir de bons Maîtres qui seront
ensuite d'excellents Rose-Croix et enfin de parfaits Kadosch, il faut que les
Ateliers pratiquent la Maçonnerie dans son intégralité, chaque Atelier ayant sa
Loge d'Adoption, qui est le meilleur moyen de contrôle de la perfectibilité des
Compagnons, et il faut que les Ateliers aient, en outre, à leur tête, au moins
un Chevalier Kadosch, c'est-à-dire un Maçon ayant reçu la Vraie Lumière.
Nous avons examiné
avec très grand soin les Annuaires du Grand Orient de France, que le Grand
Collège des Rites nous envoie régulièrement, et Nous avons constaté que, dans
les Loges Symboliques du Rite Français, le Vénérable est souvent un Maître,
très rarement un Rose-Croix, presque jamais un Chevalier Kadosch. Nous voyons
là la cause des agitations stériles, qui condamnent le Rite Français à piétiner
sur place. Aussi, dans la Maçonnerie Française, où ce rite possède 379
Ateliers, tandis que le Rite Ecossais en a 116 seulement, le progrès est d'une
lenteur désolante, et les Loges sont, Nous avons le devoir de le dire, envahies
par les brouillons politiques. Les résultats acquis sur le terrain
gouvernemental de la nation manquent de stabilité ; l'ennemi
peut, sans cesse, préparer un retour offensif ; une bonne loi, dont le
vote parlementaire a été amené par le concert maçonnique, est mal appliquée ou
même ne tarde pas à tomber en désuétude. Cela tient à ce que, dans le Rite
Français, l'orient de l'Atelier, au lieu d'être, comme cela est
indispensable, un foyer de lumière, est occupé, neuf fois sur dix, par des
officiers dont les yeux sont encore clignotants.
En cette année
(1889), le Conseil de l'Ordre, au Grand Orient de France, compte 15
Maîtres, 3 Rose-Croix, 2 Chevaliers Kadosch, et 13 Souverains Grands
Inspecteurs Généraux. Il y a là un progrès sur les années précédentes ; mais,
au sein de ce conseil administratif, les Frères ayant reçu la parfaite
initiation, c'est à dire les Chevaliers Kadosch et les Souverains
Grands Inspecteurs Généraux, sont encore en nombre égal à celui des simples
Maîtres ; de sorte que la majorité dépend des 3 Rose-Croix, c'est à dire de 3
Frères dont l'instruction maçonnique n'est pas terminée. Cette situation est
profondément regrettable.
Il faut absolument que le
Rite Français s'inspire mieux des traditions de l'Ordre. Sinon, il végétera
dans l'impuissance, et les temples des autres rites, dans les contrées autres
que la France, continueront avec douleur, à fermer leurs portes aux imparfaits
initiés de ce Grand Orient.
D'autre part,
il faut éviter aussi de passer d'un extrême à un autre. En France, - du moins,
dans la plupart des Loges du Rite Français, - on a trop de tendances à
professer un scepticisme absolu. C'est ainsi qu'on Nous a communiqué des
planches de convocation d'Ateliers, où ne figure pas la formule : A la
gloire du Grand Architecte de l'Univers. Dès 1877, nous avions
malheureusement prévu qu'on en viendrait là. Jusqu'en cette année 1877, le
premier article de la Constitution du Rite Français portait : « La
Franc-Maçonnerie a pour principes l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme
et la solidarité humaine. » Le Convent de septembre 1877, au Grand Orient de
France, supprima l'affirmation de la divinité, et vota que l'article premier de
la Constitution du Rite Français porterait : « La Franc-Maçonnerie a pour
principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. » En 1884,
le Convent annuel des Loges du Rite Français aggrava encore cette suppression
de l'affirmation de la divinité, en introduisant ceci dans la rédaction du dit
premier article : « Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du
domaine exclusif de l'appréciation individuelle de ses membres, la
Franc-Maçonnerie se refuse à toute affirmation dogmatique. » Voilà certainement
un excès, que Nous réprouvons de toutes nos forces.
Mais, par contre, en
Italie et en Espagne, de nombreux Frères, - bien intentionnés, sans doute, -
pèchent par l'excès contraire, et leur erreur mérite d'être relevée.
En
effet, ces Frères, mûs par une légitime haine contre le Dieu des prêtres,
glorifient son adversaire sous le nom de Satan, et en lui conservant la
situation et le rôle d'un ange déchu, révolté. Il y a là une hérésie manifeste.
Le mot de Satan, ayant été inventé par l'imposture sacerdotale et s'appliquant
à un être surnaturel subalterne ou diable, ce mot n'a pas lieu d'être prononcé,
ne doit pas être prononcé en Maçonnerie.
On Nous a signalé une
Loge de Gènes qui a poussé l'inconscience jusqu'à arborer dans une
manifestation publique une bannière portant : Gloire à Satan! A Milan,
des Frères Maçons ont, dans une fête, fait exécuter et ont chanté un Hymne à
Satan. D'Espagne, on Nous a fait hommage d'une poésie signée par le Frère
Bartrina, poésie dont voici le texte :
REHABILITACION
Solo estaba
Satan en el infierno
Siglos hacia,
cuando entro Caïn ;
Ambos a Dios
juraron odio eterno
Y dar juraron a
su imperio fin.
- Soy la
revolucion, por Dios maldita,
Desterrada por
Dios, dijo Satan.
- Soy et
trabajo que a ese Dios irrita,
Dijo et
terrible Vastago de Adan.
Miraronse : en
la luz de la mirada
Brillo rayo de
colera en los dos.
Y la raza de
Abel tremblo asustada,
Y hasta en su
trono estremeciose Dios.
La maldicion
divina con su peso
No los hundio. - Raza de Abel,
atras!
Plaza al
triunfante carro del progreso,
Quo arrastra
Caïn y empuja Satanas !
H.
JOAQUIN-MARIA BARTRINA.
Certes, ces
vers sont animés par un souffle généreux ; mais ils sont en opposition directe
à l'orthodoxie maçonnique.
Les égarés qui
glorifient Satan considèrent, en général, que le Dieu des prêtres a manqué à de
prétendues promesses faites par lui à l'humanité, et, en présence de
la désertion de ce Dieu, ils font appel au diable. Tel est le système de la
goétie, qui est une aberration, qui est la démonomanie.
Existe-t-il un
diable ? - Les prêtres disent : Oui. - Nous répondons : Non.
Qu'est-ce que
le diable ? - C'est, disent les prêtres, le prince des anges, qui s'est
révolté par orgueil contre Dieu, et qui, ayant été vaincu par l'archange
Mikaël, a été, pour son châtiment, précipité en enfer, où il est condamné à
rôtir éternellement en la compagnie d'autres anges, ses complices,
devenus des démons, et de ceux d'entre les humains qui n'ont pas vécu selon la
loi des prêtres.
Or, cette
légende sacerdotale est un infâme mensonge, et nos Frères qui glorifient Satan
n'aboutissent, en réalité, qu'à consacrer l'imposture et à nous nuire
maladroitement dans l'opinion de la multitude ignorante.
C'est pourquoi,
Nous condamnons, de la façon la plus formelle, la doctrine du Satanisme, qui
est une divagation de nature à faire le jeu des prêtres. Les Francs-Maçons
satanistes donnent, sans s'en douter, des armes contre la Franc-Maçonnerie.
Ce que nous
devons dire à la foule, c'est : - Nous adorons un Dieu, mais c'est le Dieu que
l`on adore sans superstition.
A vous, Souverains Grands Inspecteurs Généraux, Nous disons, pour que
vous le répétiez aux Frères des 32e, 31e et 30e
degrés : - La religion maçonnique doit
être, par nous tous, initiés des hauts grades, maintenue dans la pureté de la
doctrine luciférienne.
Car le Dieu Lucifer de la théurgie moderne n'est pas le démon
Satan de la vieille goétie. Nous sommes Ré-Théurgistes Optimates, et non
praticiens de la magie noire.
Les prêtres, en inventant Satan, ont créé les sorciers, leurs sanglants
sacrifices du Moyen-Âge, leurs folles assemblées, leurs criminels et horribles
conventicules de goules et de striges. Mais il y a deux magies : la magie
lumineuse, et la magie des ténèbres. Il est vrai que les prêtres, lorsqu'ils
ont eu l'omnipotence, ont persécuté également les mages de la sagesse et les
mages de la folie, ont brûlé les Templiers, nos pères, aussi bien que les
sorciers, oubliant que ces derniers, sans eux, n'eussent pas existé.
La magie créatrice du démon, cette magie qui a dicté le Grimoire du pape
Honorius, 1'Enchiridion de Léon III, les exorcismes de l'église
catholique, les réquisitoires des Laubardemont, les sentences de Torquemada,
cette magie n'est pas la nôtre ; cette horreur, cette démence, avec son
cortège de turpitudes et de cauchemars, c'est la Rome papale qui doit en porter
la responsabilité.
Elle a été enfantée par Adonaï, calomniateur de Lucifer. Dans sa rage
contre son éternel et magnanime antagoniste, le Dieu Mauvais a bouleversé chez
les hommes superstitieux la notion des choses saintes, Il a nié la divinité du
Père du Bien et l'a appelé le Mal. Il a voulu écraser la raison sous les pieds
de la crédulité aveugle. Il a perverti le sens de toutes choses, il a porté son
chaos jusque dans la logique des mots. L'hypocrisie a été par lui transformée
en sainteté ; le vice, en vertu ; le mensonge, en vérité ; le
caprice et l'arbitraire, en justice ; la divagation et la foi de
l'absurde, en science théologique. La nuit a osé appeler nuit le jour;
ténèbres, la lumière ; licence, la liberté ; erreur, la philosophie.
L'orgueil, qui se prétend infaillible et se cantonne dans l'obscurité de ses
dogmes illogiques et anti-naturels, l'orgueil superbe a eu le cynisme de nommer
orgueil l'humble raison qui doute, qui ne croit que lorsqu'elle est
sûre, qui n'émet une affirmation que lorsque la preuve des faits a été
irrévocablement donnée par la science ; oui, Adonaï et ses prêtres ont
jeté au ciel de notre Dieu toutes les boues de leur impudence, en qualifiant
d'orgueilleuse l'intelligence raisonnable, qui cherche la solution
des grands problèmes, qui marche sans cesse à une découverte nouvelle, qui est
toujours insatiable de vérité.
Si Lucifer n'était
point Dieu, Adonaï, dont tous les actes attestent la cruauté, la perfidie, la
haine de l'homme, la barbarie, la répulsion pour la science, si Lucifer n'était
point Dieu, Adonaï et ses prêtres le calomnieraient-ils ?
Oui, Lucifer est Dieu,
et malheureusement Adonaï l'est aussi. Car la loi éternelle est qu'il n'y a pas
de splendeur sans ombre, pas de beauté sans laideur, pas de blanc sans noir ;
car l'absolu ne peut exister que comme deux ; car les ténèbres sont
nécessaires à la lumière pour lui servir de repoussoir, comme le piédestal est
nécessaire à. la statue, comme le frein à la locomotive.
En
dynamique analogique et universelle, on ne s'appuie que sur ce qui résiste.
Aussi l'univers est-il balancé par deux forces qui le maintiennent en équilibre
: la force qui attire et celle qui repousse. Ces deux forces existent en physique,
en philosophie et en religion. Et la réalité scientifique du dualisme divin est
démontrée par les phénomènes de la polarité et par la loi universelle des
sympathies et des antipathies. C'est pourquoi les disciples intelligents de
Zoroastre, ainsi qu'après eux les Gnostiques, les Manichéens, les Templiers ont
admis, comme seule conception métaphysique logique, le système des deux
principes divins se combattant de toute éternité, et l'on ne peut croire l'un
inférieur à l'autre en puissance.
Donc,
la doctrine du Satanisme est une hérésie; et la vraie et pure religion
philosophique, c'est la croyance en Lucifer, égal d'Adonaï, mais Lucifer Dieu
de Lumière et Dieu du Bien, luttant pour l'humanité contre Adonaï Dieu des
Ténèbres et Dieu du Mal....
...
Donné au Grand Orient de Charleston, le quatorzième jour du cinquième mois de
l'an 000889 de la Vraie Lumière (14juillet 1889, ère vulgaire). ALBERT PIKE, 33e.
source : L’Existence des loges de
femmes, [Adolphe Ricoux (pseudonyme de Léo Taxil), Téqui, 1891,
pages : 67 à 95)
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